Liquidation de l'entreprise, plaintes de PSA, menaces de
sanctions contre des délégués CGT de PSA Poissy : pour le moment rien
n'intimide les chauffeurs Antonutti, en lutte depuis presque deux
mois.
Le 30 janvier, à la demande du procureur de la République, le
tribunal de commerce de Pontoise a décidé la liquidation judiciaire de
l'entreprise, avec poursuite de l'activité quinze jours. Ce
n'est pas ce que voulaient les grévistes, chauffeurs sous-traitants qui
livraient des pièces en juste-à-temps à l'usine de PSA Poissy pour le
compte de Geodis, autre sous-traitant de Peugeot. Mais ils
se sont sentis vengés du fait que le plan de reprise du patron a été
rejeté, alors qu'il supprimait 66 postes sur 142, laissait les dettes à
la collectivité et reniait son engagement à verser
35 000 euros net et 1 000 euros net par année d'ancienneté aux
licenciés. L'expert du comité d'entreprise a révélé pour plus de
1 845 000 euros d'étranges sorties d'argent les deux années précédentes.
Conclusion : la question de la banqueroute frauduleuse peut légitimement
se poser.
C'est PSA, le plus puissant de ces donneurs d'ordres, qui a ordonné à
Geodis de préparer le transfert en septembre 2015 dans l'usine de
Poissy des préparations de pièces effectuées jusque-là à
Achères, programmant ainsi la suppression du travail des chauffeurs
d'Antonutti. Et Geodis a repris en direct le travail de livraison dès
janvier 2015, cassant son contrat commercial sans reprendre
les chauffeurs en même temps que l'activité, donc en toute illégalité.
Dès le début de leur lutte, les grévistes sont allés aux portes de
PSA, Geodis et d'autres sous-traitants, afin de dénoncer les
responsabilités de ces donneurs d'ordres pour lesquels ils
travaillent parfois depuis quinze ans.
Teigneux, PSA a réclamé à la justice de condamner un délégué CGT
Antonutti et deux délégués CGT de PSA Poissy, en inventant des blocages
de l'usine qui n'avaient pas eu lieu. Mais le tribunal n'a
reconnu ni l'urgence, ni la pertinence de sa demande, et en a repoussé
l'examen au 12 février. Vexé, PSA a convoqué quatre délégués CGT de
l'usine le 30 janvier pour sanction. Elle les accuse d'avoir
occasionné la perte de production de 45 à 1 000 voitures, parce qu'ils
ont affirmé leur solidarité avec les grévistes d'Antonutti. Cela fait
cher la poignée de main et quelques mots d'encouragement
sur un trottoir, ont rigolé les grévistes.
En s'attaquant ainsi à des militants, la direction de PSA cherche à
décourager toute manifestation de solidarité entre ouvriers. Elle a
aussi porté plainte auprès du procureur de la République
contre les cinq délégués déjà cités. Elle voudrait les envoyer devant un
tribunal pour rien moins que « tentative d'extorsion de fonds » ! Il
n'est pas sûr que le procureur la suive sur ce terrain,
tant l'accusation est ridicule.
Malgré ces pressions exercées par le patron de PSA, les grévistes
d'Antonutti sont venus aux portes de l'usine de Poissy, faire signer une
pétition de soutien et de protestation contre les menaces
de PSA. Et ils ont trouvé la solidarité de 450 ouvriers de Poissy qui
ont signé en quelques minutes. Le 4 février au matin, rassemblés devant
un sous-traitant, les travailleurs ont encore dénoncé
l'injustice qui leur est faite.
Correspondant LO
0 commentaires:
Enregistrer un commentaire