Si la sanction infligée à Valls au premier tour de la primaire du
PS se confirme au second, aucun travailleur ne le regrettera. Valls
incarne depuis longtemps l’aile droite du PS, qui voudrait que ce
parti cesse de se dire « socialiste ». Depuis 2012, comme
ministre de l’Intérieur puis comme Premier ministre, il s’est
posé en champion de l’ordre et du conservatisme. Avec arrogance,
Valls a mené une politique entièrement dévouée au grand patronat
qui, de la loi Macron à la loi Travail et à toutes les aides
accordées aux entreprises, n’a eu qu’à se féliciter d’un tel
serviteur. Et ses contorsions de dernière minute, qui l’ont vu
prôner l’abrogation d’un article 49.3 dont il a abusé, sont
aussi ridicules que celles d’un marchand de canons qui plaiderait
pour la paix dans le monde…
Les commentateurs expliquent que le PS serait maintenant scindé en
« deux gauches irréconciliables ». Quelle blague !
Avec un discours un peu plus à gauche, Hamon a touché nombre
d’électeurs PS déçus par le quinquennat. Mais il en est tout
autant responsable. Comme Valls, Hamon est au PS depuis 30 ans. Comme
Valls, Hamon a fait campagne pour Hollande en 2012. Comme Valls, il
est devenu ministre. En 2014, il a fait partie de ceux qui, au sein
du gouvernement, ont soutenu Valls pour qu’il remplace Ayrault –
on a connu plus « irréconciliables » !
Dans sa campagne, Hamon a cherché à se singulariser avec la
proposition d’un revenu universel de 750 euros d’ici à 2022. Ce
dont les classes populaires ont besoin, c’est d’un travail avec
un salaire décent, qui ne devrait pas être inférieur à 1800 euros
nets.
Hamon explique que le travail va se raréfier en raison de la
robotisation. Mais que les robots se multiplient n’est un problème
que parce que le capitalisme est un système reposant sur
l’exploitation. Pourquoi le machinisme et le progrès technique ne
pourraient-ils servir à diminuer le temps de travail de tous, sans
perte de salaire, en prenant sur les profits pour financer les
emplois ? Cela, Hamon ne l’envisage même pas. Face au chômage
de masse, face aux licenciements, il ne veut pas de mesure qui gêne
le grand capital.
Cette semaine, par exemple, la firme textile Vivarte (André, Kookaï,
La Halle aux chaussures, La Halle aux vêtements, Caroll…) annonce
des centaines de suppressions d’emplois, après en avoir déjà
supprimé 2000 depuis deux ans. L’entreprise dit aujourd'hui faire
des pertes. Mais Vivarte a généreusement distribué des dividendes
pendant des années. Et, bien que domiciliée fiscalement au
Luxembourg, cette entreprise, qui appartient à des fonds
d’investissement, a été gavée d’argent public. Vivarte a ainsi
reçu 45 millions de CICE, cette aide publique scandaleuse lancée en
2013… quand Hamon était ministre. Eh bien, la seule politique
utile au monde du travail face à ces prédateurs n’est pas un
revenu à 750 euros pour les salariés devenus chômeurs, mais
l’interdiction des licenciements et le maintien de tous les
emplois, en prenant sur les profits passés !
Si le second tour confirme le succès de Hamon, peut-être
mordra-t-il sur l’électorat de Jean-Luc Mélenchon. En tout cas,
avec Macron, tous trois incarnent la gauche gouvernementale, passée,
présente et à venir. Cela fait très longtemps que cette gauche,
dans ses différentes nuances de rose, ne veut rien faire contre les
intérêts du patronat, et se condamne ainsi à trahir ses électeurs
des classes populaires.
Cela fait longtemps que le PS est un parti de gouvernement, serviteur
loyal du capitalisme. Il en a encore fait la démonstration pendant
les cinq ans qui s’achèvent, ouvrant un boulevard au Front
national et à une droite qui veut aggraver encore les attaques
antiouvrières.
Alors, les travailleurs n’ont pas besoin d’un PS ou d’une
gauche rénovée, ou encore d’une « vraie gauche », à
même de tromper de nouveau les électeurs des classes populaires.
Ce dont les travailleurs ont besoin, c’est d’un parti qui défende
vraiment leurs intérêts. Un parti qui combatte les politiciens,
faux-amis comme vrais ennemis. Un parti qui s’en prenne à la
bourgeoisie. Un parti qui prépare les travailleurs à se battre pour
défendre leurs intérêts de classe, par la grève et les
mobilisations de masse. Il faut un parti qui soit vraiment celui du
camp des travailleurs.
C’est pour affirmer cette nécessité, pour que tous ceux qui en
sont conscients puissent l’exprimer, que Nathalie Arthaud, au nom
de Lutte ouvrière, sera candidate à l’élection présidentielle.
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