Si l’échec de Le Pen dans la course à la présidence est un
soulagement pour beaucoup, avec Macron à l’Élysée les
travailleurs ont un adversaire déclaré de leurs intérêts.
Certes, Le Pen ne disposera pas des moyens de l’État pour
distiller le poison de la division au sein du monde du travail. Mais,
avec plus de 10 millions de voix, le Front national a obtenu plus de
suffrages que jamais. Fillon et Dupont-Aignan ayant été éliminés,
une partie de l’électorat de droite a logiquement voté Le Pen.
Mais celle-ci a aussi bénéficié des voix de nombreux électeurs
des classes populaires, écœurés par la politique menée au
gouvernement par des partis qui prétendaient les représenter.
C’est un piège mortel. Le vote pour le Front national consacre
l’abandon de toutes les valeurs du mouvement ouvrier, de la
solidarité entre travailleurs, de l’internationalisme et du
drapeau rouge, au profit d’idées chauvines et xénophobes. Une
fraction importante du monde du travail a choisi d’exprimer sa
colère en se subordonnant à une extrême droite dont la nature
profonde est anti-ouvrière.
Le FN va chercher à bénéficier des déceptions qui seront
inévitablement suscitées par Macron. Le parti d’extrême droite
dresse les travailleurs les uns contre les autres, selon leurs
origines, leur nationalité ou leur religion. Il les désarme ainsi
dans le combat contre le grand capital. Ses succès électoraux
encourageront les individus et les groupes fascisants contre les
travailleurs immigrés et les étrangers. Et des hommes de main ainsi
dressés constituent une menace pour l’ensemble des travailleurs,
leurs syndicats, leurs associations et leurs libertés élémentaires.
Ils sont une arme supplémentaire à la disposition du grand
patronat.
Les 12 millions d’abstentionnistes, le chiffre record de 4 millions
de votes blancs et nuls, en particulier dans les quartiers
populaires, montrent qu’une partie importante des électeurs ont
refusé le choix entre la millionnaire d’extrême droite et le
représentant des banquiers.
La quasi-totalité des politiciens, de la droite filloniste à la
gauche du PS, considèrent la victoire de Macron comme celle de la
République et de la démocratie. Les milieux d’affaires jubilent.
Avec Macron, c’est un ennemi du monde du travail qui accède à
l’Élysée ! Cet ancien banquier exécutera toutes les
exigences du grand capital et de la haute finance.
Macron est l’auteur d’une loi qui étend le travail du dimanche,
réduit les possibilités de recours aux prud’hommes et facilite
les licenciements économiques. Il a inspiré la loi El Khomri,
entièrement favorable au grand patronat.
Dès cet été, par ordonnances, il veut poursuivre la démolition du
Code du travail. Il veut faciliter les licenciements, plafonner les
indemnités prud’homales, augmenter la flexibilité et la
précarité, supprimer les 35 heures. Les accords d’entreprise
qu’il veut favoriser sont pain bénit pour le patronat. Macron veut
supprimer 120 000 emplois de fonctionnaires et faire 60
milliards d’économies sur les services publics, la santé et les
indemnités aux chômeurs. Cette politique va laisser sur le carreau
des millions de travailleurs.
Engagé dans une guerre sociale féroce, le grand patronat continuera
à licencier et à supprimer des emplois, comme il le fait à
Whirlpool, Mim, Vivarte, Tati et bien d’autres dont les médias ne
parlent pas. Il va continuer à aggraver la précarité et à peser
sur les salaires afin d’augmenter la richesse des capitalistes.
Alors, comme ils ont dû le faire contre Sarkozy puis contre
Hollande, les travailleurs devront se défendre sur le terrain de la
lutte de classe : les grèves et les manifestations de masse.
L’avidité du grand patronat finira par déclencher des explosions
sociales, nécessaires pour empêcher que le monde du travail
s’enfonce dans la misère. Mais elles ne seront pas suffisantes. Il
faut que les travailleurs aient une claire conscience de leurs
intérêts de classe : leur ennemi, c’est la grande
bourgeoisie, qui exerce une dictature absolue sur les entreprises et
sur l’économie.
Bien des menaces matérielles et politiques pèsent sur les
travailleurs. La seule voie pour y faire face, pour s’opposer à
l’aggravation de l’exploitation et au pourrissement de toute la
vie sociale, c’est de renouer avec le combat. Le mouvement ouvrier
dispose de toutes ses armes pour défendre ses intérêts contre le
patronat et le gouvernement, et pour mettre fin au capitalisme et au
pouvoir de la bourgeoisie.
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