vendredi 23 octobre 2020

Déclaration de la FCPE95 lors du rassemblement le lundi 19 octobre sur le parvis de la préfecture de Cergy

Voici une déclaration plus précise,  plus riche, et plus porteuse d'avenir  que bien des de déclarations stupides et bien souvent racistes, de journalistes ou de politiciens qui surfent sur l'assassinat monstrueux de ce week-end.

Les parents d’élèves et militants de la fcpe sont extrêmement choqués par le meurtre de M. Paty, professeur d’Histoire dans un collège de Conflans. Nous sommes stupéfiés, révoltés, en colère, il n’y a pas de mot pour caractériser ce crime. 

 Nous le sommes d’autant plus que certains parmi nous suivent cette histoire depuis deux semaines. Nous avons vu la haine et les menaces monter. Quand nous avons découvert le «cv» de l’individu qui est venu dans le bureau de la principale du collège, nous avons été horrifiés par le torrent de mensonges que cet individu propageait sur internet.

 La seule réponse des autorités, avant le meurtre, a été de demander aux enseignants de ce collège de se taire. Il parait que la police surveillait l’établissement depuis 10 jours, avec l’efficacité que l’on constate. Aujourd’hui, des politiques se répandent dans les médias, certains pour dire qu’ils vont faire quelque chose, d’autre pour alimenter la haine. Mais la réalité est que depuis des années, les uns et les autres se sont mis d’accord pour mettre l’éducation publique à la portion congrue. 

Les moyens humains sont, dans ce collège comme dans les autres, réduits année après année. Alors que la crise économique répand la misère matérielle et morale, que la société devient de plus en plus dure, que la violence monte, y compris parfois entre parents et enseignants, il faudrait plus d’adultes dans les établissements, plus de personnels enseignants, de surveillants, dinfirmières, dagents techniques. Mais c’est l’inverse qui est organisé. La réalité est que l’école publique est progressivement abandonnée par l’Etat. 

Les équipes sur le terrain font de leur mieux avec ce qui leur est donné, et je veux saluer ici le dévouement des uns et des autres, mais on ne peut plus simplement compter sur ce dévouement. Face à la situation de plus en plus catastrophique de l’école publique, face à l’institution qui ne sait que mettre un couvercle sur les problèmes, face à la dureté de la société qui ne reste pas à la porte de l’école mais y entre brutalement, il faut réagir, collectivement, massivement

 Il y a un autre point que je souhaite souligner ici, et que peu ont remarqué: l’assassin avait 18 ans. Celui qui a tenté d’assassiner des journalistes il y a quelques jours avait aussi 18 ans, de même les terroristes du Bataclan étaient de jeunes hommes. Mais comment a-t-on pu en arriver là? Comment des jeunes peuvent-ils aujourd’hui commettre de tels actes? La jeunesse n’a pas besoin qu’on lui explique que la société actuelle est dure, injuste, en particulier contre elle. Elle le sent, elle le voit, elle le vit. Mais depuis des décennies, la société transmet aux jeunes les valeurs de l’individualisme, de la démerde pour s’en sortir, quitte à écraser les autres. Le fanatisme religieux n’est qu’une expression de cet individualisme.

 Notre responsabilité d’adulte, de militant, de parent, est de remettre en avant les valeurs collectives, de dire pourquoi la société est telle qu’elle est, que rien n’est figé, que la société sera ce que collectivement nous en ferons. La jeunesse, dans l’histoire, a souvent été à la pointe des combats pour un monde plus juste. Elle a de l’énergie, de l’enthousiasme. Le meilleur hommage que nous pouvons faire au professeur d’histoire assassiné est d’ouvrir les livres d’histoire, pour comprendre notre monde, de regarder comment certains se sont mobilisés pour le changer ou tenter de le changer en mieux. Et d’en discuter, dès ce soir, avec les jeunes que nous côtoyons.

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