Plusieurs dizaines de chauffeurs d'Antonutti-Delmas
(140 salariés), dont beaucoup de chauffeurs qui assurent des livraisons
de pièces en juste à temps pour l'usine PSA de Poissy, ont lancé une
grève mercredi 14 janvier contre la menace de 66 licenciements. (cliquez pour lire la suite)
À défaut de pouvoir sauver leur emploi, ils veulent obliger leur
patron à respecter un accord du 8 décembre dernier dans lequel il
s'engageait à donner 35 000 euros net et 1 000 euros net par année
d'ancienneté à chaque licencié, accord qu'il prétend renier aujourd'hui.
D'emblée les grévistes sont allés à près d'une quarantaine
s'installer devant les entrées de l'usine PSA de Poissy, leur donneur
d'ordres, pour lequel certains travaillent depuis quinze ans et
plus. Chaque jour, en variant simplement l'heure de leur arrivée, ils
renouvellent l'opération jusqu'à ce que la police les déloge. Ils
filtrent les camions et sont arrivés ainsi à freiner
suffisamment l'approvisionnement de l'usine pour faire perdre
560 voitures à la direction entre le 14 et le 19 janvier, samedi et
dimanche compris, car la direction, en cette période de l'année,
programme des heures supplémentaires à gogo.
L'accueil des salariés de l'usine est plein de sympathie, malgré les
menaces d'heures supplémentaires pour rattraper les voitures perdues.
Les grévistes font la même opération devant d'autres
sous-traitants dont ils transportaient les pièces, Geodis, Lear ou MC
Syncro.
Plus surprenant, les rapports avec la police, au moins les policiers
de base, sont aussi pleins de compréhension. Il faut dire que les
grévistes ont commencé par alimenter en café chaud les
policiers placés en faction en attendant l'ordre d'évacuation donné par
la Préfecture... et de fil en aiguille, les heures passées à côté les
uns des autres aidant, les policiers se sont intéressés au
combat des chauffeurs.
Ceux-ci leur ont tout raconté : le patron faisant circuler l'argent
d'une société à une autre pour le planquer finalement au Luxembourg ;
l'administrateur judiciaire qui est le même depuis des
années pour plusieurs de ses sociétés, notamment d'Antonutti qu'il veut
liquider aujourd'hui... et celle avec laquelle il prétend en racheter
des morceaux. Ainsi, c'est la même personne qui fixe le
prix de l'une à racheter par l'autre. Ou alors cette incroyable
histoire : le patron a fait racheter sa maison de famille, en Provence,
par une société de transport basée à Argenteuil... et pourtant
en difficulté. « Ce qui est dommage, c'est qu'on ne nous envoie jamais
arrêter des patrons dans ce genre », a commenté un policier.
Les grévistes ont aussi vu défiler le chef de cabinet du préfet des
Yvelines, le sous-préfet de Saint-Germain-en-Laye... mais n'ont récolté
que des assignations en justice, pour le syndicat CGT,
l'avocat du comité d'entreprise, un militant de l'entreprise et
Jean-Pierre Mercier, délégué CGT de PSA Poissy. Mais leur détermination
est intacte. Elle finira par payer.
Correspondant LO
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