Avec
le mouvement de grève des médecins, les vœux de « bonne
santé » prendront, cette année, une signification toute
particulière. Car, oui, notre système de santé est en train de
craquer par tous les bouts. Pour les médecins, la loi santé de
Marisol Touraine, en particulier, la généralisation du tiers payant
est la goutte d’eau qui fait déborder le vase.
Le
tiers payant serait une bonne chose, un soulagement, car avancer 23
euros est un obstacle pour nombre de familles. Mais, une fois de
plus, le gouvernement cherche à redorer son blason avec une mesure
populaire sans que cela lui coûte quelque chose. Et tout retombera
sur le dos des médecins.(cliquez pour lire la suite)
Parmi
eux, il n’y a pas que des spécialistes des dépassements
d’honoraires et des sommités qui se font grassement payer. Il y a
aussi les médecins traitants qui enchaînent des journées de 9 ou
10 heures et sont seuls à tout gérer. Ils craignent, en devant se
faire payer par la Sécurité sociale et les quelque 300 mutuelles,
des retards de paiements et un surcroît de travail administratif. Et
on peut les comprendre !
Qui
n’a pas été confronté aux erreurs ou aux retards de paiement de
la Sécurité sociale ? Les problèmes rencontrés par les
nouveaux retraités de Nord-Picardie ou du Languedoc-Roussillon pour
toucher leur pension montrent assez que l’État ne donne pas aux
organismes sociaux les moyens de fonctionner correctement. Alors, que
les médecins traitants refusent de faire les frais d’un système
qui marche de plus en plus mal est légitime.
Les
propos de certains médecins, jaloux de leur « liberté »
et craignant « d’être transformés en salariés »,
sont choquants. C’est bien un préjugé de petit-bourgeois que de
repousser avec horreur l’idée d’être salarié, alors qu’ils
dépendent déjà, par tous les bouts, des organismes publics !
Quant à dire que le tiers payant « déresponsabilise »
les patients, c’est insultant. Comme si les plus pauvres allaient
voir le médecin par plaisir !
Le
mépris social et l’individualisme exprimés par certains
praticiens, qui fort heureusement ne sont pas représentatifs en
particulier des médecins traitants, ne dédouanent pas le
gouvernement de ses responsabilités dans la dégradation de
l’ensemble du système de santé publique.
Dans
les quartiers populaires, comme dans les campagnes, les déserts
médicaux se multiplient. Obtenir un rendez-vous dans la journée et
à proximité
est
devenu impossible pour beaucoup. Et il faut souvent attendre des mois
pour pouvoir consulter un spécialiste ou passer une
IRM.
La
liberté d’installation dont disposent les médecins n’arrange
rien. Mais sur le fond, il manque des médecins parce que le
gouvernement maintient les quotas qui limitent depuis des décennies
le nombre d’admis aux études médicales. Résultat : le pays
forme aujourd’hui moins de médecins qu’en 1970, alors qu’il y
a 15 millions d’habitants de plus !
Le
tout est aggravé par la fermeture de maternités, de services
d’urgence et hospitaliers, voire d’hôpitaux entiers, comme sous
la droite.
En
2015, le gouvernement prévoit de faire encore deux milliards de
coupes dans les budgets des hôpitaux déjà insuffisants. Moins de
crédits, moins de personnels, moins de lits : voilà qui rend
insupportables les conditions de travail du personnel et qui nuit à
l’accès et à la qualité des soins !
Les
urgentistes ont fait grève la semaine dernière. Alors qu’ils font
en moyenne des semaines de 60 heures, ils viennent d’obtenir que
leurs heures supplémentaires soient payées… en heures
supplémentaires. Et encore, seulement celles au-dessus de 39
heures ! C’est dire ce que vit l’ensemble du personnel
hospitalier !
Alors,
oui, le système de santé est malade. Jusqu’alors, il passait pour
être efficace. Il avait été conçu pour permettre à tous de se
soigner sans que le patronat ait à payer des salaires trop élevés,
la solidarité entre les travailleurs palliant les risques. Mais,
depuis 30 ans, le système de Sécurité sociale et les hôpitaux
sont devenus la cible d’attaques systématiques du capital privé,
secondé par les gouvernements.
Comme
la Poste ou les transports publics, on veut obliger les hôpitaux à
devenir « rentables » et « compétitifs ».
Des pans entiers ont été privatisés et soumis à la loi du profit,
les directeurs d’hôpitaux sont poussés à devenir des
gestionnaires financiers.
Malades
et personnels soignants y sont perdants. Seuls, les profits des
capitalistes de la santé y gagnent. Et le gouvernement prétendument
socialiste continue dans la même logique. Alors, quand il se vante
de prendre une mesure de gauche avec le tiers payant, qui plus est
sans mettre les moyens pour que cela marche, il se moque vraiment de
notre santé.
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